mercredi 30 novembre 2011

Stop.

Je vais commencer à être désagréable — ta PRÉSENCE INSUPPORTABLE.

Tu vois ? Tu commences à comprendre. Retourne chez ton chien laver les pavés. Récure les dents de ta mère. Mange ta merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Merde. Franchement, tu vas sauter d'une falaise. Mais tu ne vas pas t'écraser, atterrir dans les marécages de Crassefange. Tu y passeras le restant de tes jours. Recrache les vers de tes joues. Tu commenceras à te transformer en merde. Tu vas te débattre et puis tu vas pourrir dans les miasmes, sucer ta putréfaction. Tu seras chair décomposée. Tu te souviendras de ta mère et puis tu te liquéfieras dans un immonde gargouillis.

Tu sais quoi ? Ce que tu racontes, rien à branler. Je sais ce que tu vas dire et ça ne m'intéresse pas. Ta vie de cafard : ta gueule, grosse merde. Retourne chez tes pairs. Je veux pas te voir ici. Ton existence est une erreur. Erreursuicide. Tu me fatigues.

Allez, ça suffit maintenant.

mercredi 9 novembre 2011

"Mon intelligence me pourrit la vie"

Heureux comme un Shague, il volait. Kléber était un ours, Kléber savait se faire semonce lorsque le tonnerre engourdissait la fange alentour. Ce qu'il aurait aimé, Kléber, c'était + complément. La tournure lui plaisait, et pourquoi pas sauter une ligne, Kléber. Il attendrait le temps qu'il faudrait, mais le ferait, il en était sûr - Kléber.
Il n'avait pas ce qu'ont d'ordinaire les faibles et les ours, mais ne l'avait pas, de façon à plagier l'unique destinataire de son récit. Kléber. Kléber qui distinguait mieux que tout autre les ours des espaces infinis, ce qu'il trouvait CHOUETTE. Le calembour était fin, Kléber se gaussa. Montre-Karl-Friedrich, mais aussi, il le savait bien, narine. D'ailleurs, il éternuait lorsque retentissait

la concordance - Gainsbourg, moins opaque. Kléber, ooooh oui Kléber, avait conscience de son vanishment et aimait à se pencher vers la droite de façon à tomber du côté qui rappelle ce comédien aux pas ambitieux qui cherchait ses pieds, verser une larme, tant de TROGNES gâchées - pourquoi ? Du haut de son Discours sur les Races, il volait.

Tous ces Juifs

Ebauche d'un Discours sur les Races.

mardi 12 juillet 2011

Ode aux constructeurs

Javel-Phoque, se le représenter. Le mot, pas la chose. Dissociation, disloquation : une épaule qui claque pour la beauté du geste.
Oh, et ce depuis bien longtemps. Peau de cuir sur des têtes de diamant ; sortes de sacs ciselés à l'aura "sourde et sans exemple" ; générateurs d'une évacuation qu'eux seuls maîtrisent, dans le noir le plus total.
En passant : "sale", leur monde ? Comment osent-ils.
Il ne fait pas froid, non. Rien ne pourra plus distinguer de telles couleurs, car tout est couleur. Se le répéter, y réfléchir, l'accepter ? L'idée, pas la chose. Jamais la chose.
Thème : impossible d'y trouver quoi que ce soit qui te distingue de n'importe quel autre sous-être. Variation : demi-tour. Oh, pas tant, bien moins, aussitôt fermé, oubli rapide, dépendance toutefois.
Quel horizon ???

mercredi 6 juillet 2011

Bref

Ta gueule.

mercredi 15 juin 2011

Beauté ?

"Brûlante et suant les poisons", tout de même. Les poisons, hein. C'est pas anodin. Ça manque de corps gonflés de Pakistanais flottant dans la Seine, mais c'est assez réussi. Aussi, j'aimerais ne pas retomber dans d'anciens travers. Retrouver l'ivresse et la légèreté d'un Pastagras, sauter de roseau en roseau et souiller chacun d'au moins quatre façons différentes.
Aucune herméneutique possible, seule la certitude d'être pris pour une sous-merde.

vendredi 10 juin 2011

Salle Garnier, juin 2011

Hier soir j'étais au devant du balcon. Que ça te plaise ou, je ne suis pas le peuple.
Ils jouaient comme des planches, ce n'est pas le problème.

Quand la grosse pute au début a présenté le spectacle, elle a lâché un léger « pour ceux qui ne seraient pas habitués à ce genre de concerts, je vous rappelle de ne pas applaudir entre les mouvements, pour ne pas déconcentrer les musiciens ». J'ai attendu les claps suants de plébéisme.
J'ai eu raison. Voilà. Ai-je besoin de préciser que le gros des chiasses venait du poulailler où s'était agglutinée la masse des enfants de pauvres ? On devrait leur en interdire l'accès.

Je leur pisse à la gueule. Non parce qu'ils applaudissent, ils ont besoin de manifester, ce sont des singes. C'est que ces sous-êtres ont relégué tout respect au fond de leur marais puant et n'ont pas accordé un poil d'attention respecté du discours de la grosse.

Je me suis levé, je suis monté sur scène et je les ai insultés. Ils ont eu peur. On m'a sorti à coups de gorilles, mais j'ai eu le temps de frapper deux enfants. Je n'y retournerai plus.

Quand je donne une chance à la plèbe, elle me souille de son incurable bêtise.

mardi 7 juin 2011

Classique

Je pourrais vous parler de cadavres, ou alors d'overdose.
Des relents acides de sucs violacés répandus fumants sur un lino poisseux et au milieu desquels on distingue encore un morceau de cartilage venu d'un sandwich bon marché qu'un clandestin iranien - cancer du pancréas - a sorti d'un frigo puant l'urine qu'il stocke dans des bocaux de confiture mal nettoyés en attendant de trouver un moment, entre le nettoyage de la station Rochechouart et l'ouverture du snack, pour la faire analyser, mais avec quel argent ?
De l'alcool à brûler renversé à côté d'une cuisinière allumée, dont les flammes vont soudain lécher le visage et les cheveux d'une enfant qui s'apprête à fondre comme une poupée torturée parce que ses parents, non, ne se désintéressent pas de son sort, mais ne perçoivent à travers la gaze des neuroleptiques que de vagues cris d'oiseaux qu'on écrase à la pelle ; légende : les crêpes de la fête des pères.
Des Corses en général et de leur système social, pendant que dans la jungle les lianes dansent frénétiquement autour d'un oiseau qui meurt.

lundi 28 mars 2011

Vous êtes tous des sous-êtres

Je te le répèterai jusqu'à ce que tu le comprennes. Car je ne t'imagine même pas vivre une vie saine sans même savoir quelle est ta nature profonde.

J'affirme que, si le surhomme existe bel est bien tel que nous le décrit ma bite, le monde est pourtant rempli de sous-êtres. Je te crache dessus. Cesse de me lire, tu me salis. Ta pourriture m'affecte même de loin, je te déteste autant que tu es ignorant. Tu devrais être déjà mort, car tu ne mérites pas de vivre. Tout le monde devrait le savoir : vivre, c'est se rouler avec exaltation dans la fange, et ne pas s'y traîner comme toi, laborieusement.

Gros tas de proste. La beauté ne te frappe-t-elle donc jamais, que tu restes là à te plaindre, juché sur ton tas de crasse ? Ton œil et tes oreilles sont-ils donc si fermés ? Tu me dégoûtes, j'ai envie de t'exterminer. De t'apprendre à crever, toi qui traverses la vie comme un ivrogne, insensible aux fractures de l'existence. Je te déteste pour ton ébriété, aveugle que tu es.
Le pire est que je parle en vain. Tu ne peux pas comprendre. C'est

Et puis merde.
Chie dans ton chien, bouffissure de Juif.

dimanche 6 mars 2011

Y retourner, s'en remettre plein l'âme et les poumons

Plongeons au fond, tout au fond, toi et moi, comme deux orignaux éventrés, deux représentants d'une espèce pas vraiment menacée, désabusés mais emplis de douleur.
Projet : omnifange, aucune poésie dans un tel Sale (oh!) qui ne se lit qu'en retroussant la lèvre sup' vers un ciel de purin séché - un philtrum-accordéon avec la haine de son prochain dans le rôle du mendiant roumain. Idée de tourbe hillonnante, autour d'un boulodrome de scories coléreuses et de miasmes buboniques.

Quelle joie.

Ami, je t'aimais mal, tu comprendras que je préfère te haïr. Sache, toi qui gis dans la poussière, sous-être bouillonnant de rage contre sa propre engeance, envieux d'elle, plus bas qu'elle, six pieds sous fange, sache combien je te méprise.
De mon surplomb je n'ai qu'une envie : trouver des objets lourds pour te les jeter dessus.

Connard.

vendredi 4 mars 2011

Viens avec moi. On se roulera dedans. Ce sera drôle.

Je ne plaisante pas.

Je t'invite, toi et toi, là, à un auto-barbouillage pétri de mauvaises intentions envers soi même. Tu sais bien de quoi je parle, inutile de préciser l'enfant. Si tu ne sais pas, retourne à l'usine, tu n'as rien à faire ici.
Je te parle de la vie, avec un grand T, d'une étape incontournable. Viens avec moi, tu comprendras tout. Se rouler une fois dedans, et voir son environnement se modifier dans l'approche sensible. Je te parle de beauté, aussi. Ces petites importances, ces petites perceptions qui ne te parviendront plus qu'étouffées par les portes sur tes oreilles. Taire les secrets des cercles du sensible, tu l'apprendras aussi, c'est essentiel. Sinon tu risquerais de finir comme Lloyd “Face de bidet” Johnson.
Je.

D'autre part il faut que tu saches que j'ai abandonné depuis que je suis plus vieux que toi l'espoir de contempler un jour l'absolu en face en se brûlant les yeux.

Titre : L'Enfant et le tas de cendres.

Se pavaner devant la dépouille d'une infante.

Je crois que je devrais écrire un livre d'aphorismes. Après tout, regarde un peu mieux : je suis jeune, je suis doué, je suis cultivé, je suis intelligent, et j'ai plein d'idées pour améliorer la vie. Ne me parle pas des auteurs du passé. Ils ont eu leur mot à dire, c'est maintenant notre tour. Il faut bien que l'époque triomphe du passé. Et moi, je vais l'aider. Sens ma puissance, tas de putridité à qui l'esprit échappe en lambeaux de graisse.
Toi, le reste, les autres, tous, moi, sont perdus, sache-le. Perdus par ces mêmes choses qu'ils croient leurs seules bouées, perdues par la fuite de leur esprit, la déliquescence putride et constante de leur être. L'humain : phénix de boue condamné à se traîner avec peine au milieu des marécages gluants de son existence. Reviens avec moi, on découvrira le feu, on découvrira l'électricité, on aura l'impression de vivre à nouveau. Comme une étincelle dans la fange. Une myriade de petits points lumineux qui empêchent de sombrer à jamais dans les ténèbres froides. Représente-toi cet oiseau mazouté par sa propre poisse, et parcouru de fulgurances électriques. Aime-le, c'est toi.

Je voudrais parler longtemps, tu sais, on n'a jamais fini de dire ces choses. Parce qu'on ne parvient jamais tout à fait à les dire. Intarissable soif de beauté absolue. La vérité dépassée, supplantée, laissée derrière, ne resterait que cela. Comme vouloir extraire une gerbe de feu d'une flammèche luisant dans le noir, le ridicule espoir, le vain espoir. Je n'en fais pas partie, moi j'ai abandonné, j'ai déjà laissé derrière moi les taches luminescentes et j'ai plongé dans l'obscurité. Je n'y trouverai rien, ce n'est pas là qu'est le Nouveau. Mais je cesserai tout cela, d'être, de savoir, de croire, d'espérer, de vivre. Cesser enfin, arrêter le cours des étoiles et ne plus connaître que l'abîme de l'oubli. Quel formidable destin que le mien.

lundi 14 février 2011

Un article qui n'inclut pas le mot "fange"

Au mépris de toute la philosophie que j'ai ou n'ai pas lue, je me demande si les incertitudes qui clouent au sol pas mal d'être humains à intervalles plus ou moins réguliers (dans mon cas : y a-t-il un "vrai" moi, qu'est-ce au juste que vivre, être, exister, quelle place pour mon nombril dans tout ça, sans oublier les Trois Grandes1) recouvrent des vérités ne serait-ce qu'un peu importantes. Si ça se trouve, on se focalise dessus parce qu'on ne sait pas ; mais au fond, je me fous que ma vie ait du sens, je me fous aussi de savoir si je continuerais à exister (je ne dis pas à vivre) après ma mort - tout cela me semble purement verbal, ou plutôt verbeux. Ethnocentré et masturbatoire. Peut-être qu'on aime tout simplement mettre le doigt là où ça fait mal. J'ai le vague souvenir que plein de gens très sérieux, quoiqu'il portaient des perruques assez ridicules, se sont amusés à voir dans tout ce qui posait question à l'esprit humain des impressions en creux de pas mal de choses, notamment de Dieu ; mais le désenchantement et la philosophie à coups de marteau ont emporté ces thèses à la mords-moi-le-Pascal. Le philosophe a reconnu que l'homme avait peur, qu'il se sentait mal ; d'où la prolifération de médecins plus ou moins improvisés, parfois à la limite du charlatanisme, qui se proposent de déterminer où-qu'il-a-bobo et quel membre amputer (send more if not enough, disait l'autre). Psychosuffixes, ethnologues, sociologues ont trouvé de bon goût de hurler le mal-être de ce pauvre bougre sur tous les toits, relayés implicitement par les travailleurs sociaux, l'administration, les coiffeurs et les contrôleurs de gestion.

D'où Coué, un peu, mais surtout beaucoup d'interrogations très très légitimées et au final peut-être pas si centrales que ça. Si l'homme se sent mal, c'est peut-être parce qu'il aime mieux boire une bière avec ses amis que travailler à son burn-out dix-huit heures par jour ; à l'inverse, c'est peut-être aussi - ne le répète pas - parce qu'il commence à avoir le temps et l'éducation nécessaire pour se poser des questions. J'ai pas fait exprès mais je me retrouve là encore une fois : j'affirme qu'il n'est pas évident que l'analphabète du trou du cul du Yémen se pose les mêmes questions que le pingouin moyen de la ligne 1 aux heures de pointe, et qu'il n'est pas garanti non plus qu'il s'en porte plus mal. Et j'ajoute qu'outre un mode de vie plus proche du nôtre (éducation, système productif et droit du travail, je pense que ça suffit), une condition nécessaire pour qu'il se fasse autant chier que nous et avec le même genre de questions à la con est un solide endoctrinement (allez, une socialisation poussée, une intégration avancée, comme tu veux) auquel participeraient toutes les instances qui peuvent exercer une action sur ce pauvre hère par un biais culturel, cognitif ou social. Parce que le caractère légitime des questions autour de l'identité, du Moi, de tout ce qui relève d'un existentialisme bien établi (j'allais ajouter "quoique suranné", mais ce n'est qu'une impression), semble moins problématique à tous ceux qui veulent bouleverser les esprits, hétérodoxes et néo-groucho-marxistes de tout poil, que la valorisation explicite par la société du modèle d'achievement à l'américaine. Pourtant, c'est bien au niveau du statut de l'individu que se situe la clé d'un tel système. Statut dans la société mais aussi dans l'univers, puisque le jeu de la société est de légitimer le regard qu'elle jette sur l'individu par une idéologie (je parle de Condorcet ; on ne s'excite pas, les barbus) à valeur de cosmologie : pas étonnant que la religion soit au fondement du lien social pour les premiers sociologues et que l'individu et la quête de l'achievement aient pris sa place maintenant que Sartre et ses potes ont saccagé le potager du père Georges. Je refuse de les prendre pour le simple reflet d'une époque, déjà parce que c'est pas très gentil pour l'idéal-type de l'intellectuel engagé, et ensuite parce qu'il n'y avait alors pas d'époque sans esprit, et que cet esprit, tout le monde le sait, c'était Jean-Paul.

Bref, humanisme, existentialisme, individualisme, tout le monde a déjà passé des heures à disserter là-dessus donc je m'arrête ; je voulais juste rappeler que.

1 Pas besoin de commenter ces majuscules, en fait, tu as déjà fait ton opinion.

jeudi 10 février 2011

J'aimerais être un cygne

Mon ami Bastien de S. disait toujours combien il lui semblait précieux d'avoir une particule. "La particule, se plaisait-il à répéter, est le pommeau d'or sur la canne blanche de la vie." Il voyait dans ces deux lettres la matérialisation des énormes et métaphoriques couilles qui lui servaient de piédestal et d'où il jugeait l'innombrable foule de ses semblables. Il les préférait de loin aux prénoms composés, très marqués "bonne volonté culturelle" selon lui, artéfacts d'une classe envieuse jamais à la hauteur de ses ambitions et incapable de sacrifier son bien-être matériel à l'acquisition d'un certificat symbolique de noblesse, cette classe qui "aimerait relever la tête mais est invariablement trahie par l'un peu de fange qui lui reste derrière les oreilles". Car il aimait parler ainsi. Son entrée à l'Académie Française à l'âge de vingt-et-un ans ne surprit guère que les cuistres et les fats, et l'hétaïre qui l'accompagnait en tout lieu, élevée elle aussi dans l'indifférence glaciale et l'extrême raffinement comme dans une vierge de fer damasquinée, faisait montre, en dépit d'une tendance regrettable à offrir à son public de plaintifs et lancinants borborygmes, d'un fort joli cul. Bastien l'appelait son "rivage combaluzien", ce qui ne manquait pas de provoquer un concert de graillons rieurs dans l'assistance au sang bleu et aux caillots denses et lisses comme des corindons du Badakhchan.

Bastien et moi sommes fâchés pour de multiples raisons, mais la principale.

Et d'ailleurs

Ne rien développer, ce n'est pas laisser des pistes, c'est participer à la culture du moignon. Ca commence et paf, brutalement, ça se termine. C'est l'esthétique (Ô prétention) de la flemmasse.
Il y a des jours où on n'a pas envie de faire les choses bien. C'est plus ou moins fréquent selon les personnes ; chez moi c'est quasiment tout le temps. Mais allez, ne m'en veux pas, on s'amuse. Tu peux sauter des lignes, pester, ne pas venir me voir ou bien laisser tomber des miettes entre les touches de ton clavier pour marquer ta désapprobation ; en échange, je fais ce que je veux. Encore.
Allez, fais pas la gueule. Bientôt une histoire sur les pauvres, je sais que tu aimes ça.

Ce qui est étonnant

Sous-espace propre

Il n'avait pas huit ans mais savait déjà fort bien s'y prendre.

lundi 7 février 2011

Goys and Boys

Depuis toujours, Néandertal haïssait les 26 décembre.
Entre les soldes et le rugby, il ne savait jamais où donner de la tête et finissait invariablement par rester chez lui, les poumons pleins de bière, à se demander si la dénomination "Boxing Day" venait de la boxe ou d'une boîte.
Mais pas cette année. Il ne pouvait supporter de stagner plus longtemps ; il fallait faire quelque chose de neuf, vite, alors il décida de se suicider.

Je ne suis pas obsédé par la mort, c'est vraiment ce qui s'est passé. J'y peux rien.

vendredi 4 février 2011

Ta mère ta mère ta mère

Putravergeverge le phyto-outre et Claude Chibrol : Serge-Claude l'oncle Greg urgeant son kantotassisme outragrassier.
Souille ton chien, par la Fange (oh!).

Technobob.

mercredi 2 février 2011

Je t'aime encore

La vie est-elle si différente ailleurs ? Si oui, il faut aller bien loin.

J'avais tendance à voir la ville comme une entité spécifique qui met en forme les rapports sociaux et façonne l'individu à son image - gris, froid, fonctionnel. J'ai appris à l'appréhender comme un condensateur plus neutre, un densificateur de relations elles-mêmes froides et fonctionnelles. Je ne sais pas laquelle de ces deux approches est la plus pertinente, et je crois que personne n'en sait trop rien. Quoiqu'il en soit, la longue marche que j'ai faite cet après-midi le long du boulevard B. m'a donné l'impression que peu de choses ici sont à taille humaine. Je cherchais une occupation, ou peut-être à me faire renverser. J'errais comme j'erre toujours. Je voyais les voitures progresser par petites étapes dans l'immense voie dont on distinguait à peine le bout et me disais que si l'un des automobilistes, pour se distraire ou pour voir comment ça fait, décidait de foncer sur moi, je pourrais en finir avec la peur de la mort, avec la recherche existentialiste et perdue d'avance de mon identité, avec la solitude qui me ronge. J'observais le lent défilement des cellules dans l'artère démesurée que je traversais et l'envie de pleurer me tenaillait. La ville offrait à voir tout ce que la vie a de mécanique, et je peinais à trouver quoi que ce soit de précieux qui me différencie d'un système causal. Je fantasmais depuis toujours en l'humain un foyer qui le rendait unique ; à cet homme-là, la ville ne correspond pas.

Je m'en fous.

VONST

Je reviens de l'hôpital. Coup de couteau dans le bras à cause d'une bagarre dans le métro, pardon pour le cliché.
C'est loin de faire aussi mal que je l'imaginais, peut-être parce qu'on m'a assomé de calmants depuis une semaine. Mon esprit est engoncé dans une camisole cotonneuse et je rêve d'une infection qui m'emporterait rapidement et sans douleur loin de mon intérieur capitonné.
Quand je me suis réveillé à l'hôpital, j'étais content à l'idée de voir des gens. Au lieu de ça, j'ai passé la semaine dans un demi-sommeil vaguement douloureux, sans pouvoir ne serait-ce que me redresser à cause de mon humérus entamé.
Bref, ceci est un signe de vie. Je fonctionne comme ça, en ce moment. Je ne suis pas capable d'en faire plus.
Je vois la vie en version originale non sous-titrée.

lundi 24 janvier 2011

Bande de prolos

J'aime bien les histoires d'animaux.

Tiens, regarde, ça se passe maintenant. Je suis assis je sais pas où, enfin je suis assis quoi. L'autre saloperie vient m'inonder de son affection glaireuse, me baigne de son regard torve et pose sa tête sur mon genou, style "j'ai rien de mieux à phoutre que te fixer, alors je m'installe". J'ai une forte envie de lui sandwicher la gueule, mais faudrait pas que je le rate et même s'il n'a pas les réflexes d'une mouche, il a de bonnes chances de s'en remettre et moi de prendre cher.

Alors j'accepte. Ce connard me fout les boules, il y a un truc bizarre qui sort du foie de veau pileux qui lui sert de gueule et j'ose pas lui demander ce que c'est. Je suis pas du genre à me faire des films, mais il y en a un qui me revient en tête, l'adaptation troublante de Watchmen dans laquelle on voit une sous-merde du même acabit en train de mâchonner le tibia d'une fillette. Oh, tu peux rigoler. Bref, là il ne me semble pas si dangereux que ça, il a surtout l'air mou, en fait.

Des kilos de connerie stagnante. Yeux de con. Paupières de con. Orgelet de con. Truffe de con, fendue en deux en plus, je ne veux pas savoir pourquoi. Quelle déchéance. Comment aimer un truc pareil ?  "T'es con." Ca fait du bien. "T'es con, con, de plus en plus con." Son orgelet suppure, c'est un poème. Il doit avoir du mal à ouvrir l'oeil au réveil. A bien regarder, il a pas mal de plaies et toutes ont l'air dégueulasse. Et toujours ce truc qui sort de sa gueule. Ca ressemble quand même vachement à un os, cette merde.

Bon, de toute façon je ne peux plus bouger, cet enfant de putain a décidé de s'endormir. Sa tête s'affaisse comme une méduse sur ma cuisse, et c'est parti pour une heure de sécrétions. Il innove, note, je savais pas qu'un être vivant pouvait produire des trucs comme ça. J'aurais dû me barrer avant qu'il arrive au contact, je suis foutu maintenant, j'ai plus qu'à attendre qu'il se réveille, si je le force il va m'emmener un truc. De toute façon j'ai rien à faire de la journée. Mais quand même, il pue, ce sac à merde. Avec le soleil qui tape, pas étonnant que les mouches rappliquent. J'ose pas les chasser, si je lui colle une baffe je suis dans la merde, et puis j'aime pas Ravel. L'ordure, il fuit de plus en plus.

Oh ben. Il est tombé. D'un coup, comme une merde. Il a tressailli, sa tête a glissé de ma cuisse et puis il s'est éclaté la tronche sur le sol. Du coup il a ouvert son grenier à chiasse, le truc osseux c'était sa mâchoire. Mochement défoncée, dis. Tiens, il a un trou dans le flanc, ou deux, ça ne fait pas grande différence, c'est pas exactement aussi propre que du Rimbaud. Les mouches s'agglutinent, très profond déjà, en fait elles ont pondu à l'intérieur depuis belle lurette. Là c'est assez clair, le chien est mort.

Qu'il est moche.

dimanche 23 janvier 2011

Ce n'est pas parce qu'ils sont pauvres qu'il faut les mépriser ; c'est parce qu'ils sont croates

En fait, je ne m'appelle pas Michel.
Je ne sais pas ce que vous avez, tous. J'aurais signé "Polpot240", tout le monde aurait compris.

Quelqu'un joue du piano dans mon immeuble. Tu sais comme ça peut être déprimant ? J'ai failli jouer du piano, une fois. Depuis, ça me manque. Atrocement. Oh, encore cette langueur.

J'ai l'impression d'être Harry Goldfarb dans Requiem for a Dream, le cul sur son canapé à attendre le retour de sa copine. Je n'ai pas de copine, mais j'ai la nette impression que quelque chose d'important est en train de se souiller juste pour me permettre de rester dans ma fange.
Surtout ne pas paniquer. De toute façon, je ne peux plus.

Ceci est un journal, ceci n'est pas un pamphlet, ceci est mou, ceci n'est pas sophistiqué, ceci est l'oeuvre du Benoît ci-dessous, ceci n'est pas mon corps, ceci est une pipe.

Benoît

Benoît est un croquemort clandestin.
Benoît n’est pas lui-même.
Benoît est pauvrement garni de soleil.
Benoît est soupe autant que poireau.
Benoît n’est pas ploutocrate contestataire.
Benoît est le huitième vœu des sœurs sauvages.
Benoît est salé.
Benoît est humide.
Benoît n’est pas sans allusions.
Benoît est un arbre centenaire.
Benoît est un sac de sable.
Benoît est trois fois.
Benoît est l’affinage du tissu indu.
Benoît n’est pas l’escalier de son propre Georges.
Benoît est grand, mais surtout jaune.
Benoît est allumé par la carte de l’Antalice.
Benoît est la place du souvenir étroit.
Benoît est sacrément humanoïde.
Benoît est pirate, depuis l’avènement du calice.
Benoît n’est pas cruel, mais n’est pas cruel.
Benoît est la flamme du chandelier.
Benoît est ignifugé salle de couchage.
Benoît est par ma foi, Jean-Claude.
Benoît est la même chose que l’autre, mais en la retournant de l’intérieur.
Benoît est un travers sans cesse, un peu oublié de ses sinus.
Benoît est.
Benoît n’est pas.
Benoît est, sans blague, la plume de cheval.
Benoît est un poil.
Benoît est si indifférent à la course du pinacle.
Benoît est une fois par ci par là, l’invention qui le bouleversa dès sa naissance.
Benoît est unilatéralement conquis sous l’impulse de son emphase.
Benoît est un apogée du chancre d’un capitalisme.
Benoît est l’allégation charismatique antédiluvienne.
Benoît n’est pas le croquemort clandestin.

vendredi 21 janvier 2011

Pas besoin d'être grand druide

La clé d'un numéro de Sécurité sociale
est donnée par la différence entre 97 et le reste

Mal au crâne ? Prenez un Prill.
 de la division par 97 des numéros qui
précèdent mis bout à bout.

Depuis deux jours, une affiche de douze mètres sur huit orne la façade de mon immeuble, juste en-dessous de ma fenêtre. Pas besoin de regarder dehors, c'est comme si je sentais tous les regards tournés vers moi, stoppés à quelques mètres seulement de ma cellule protectrice. J'imagine la concentration du type qui essaye de lire et de comprendre les petits caractères à des dizaines de mètres de distance et je vois le faisceau de son attention focalisée transpercer le mur pour me heurter de plein fouet, violer ma solitude et s'en détourner aussitôt le texte ingurgité et le message publicitaire reçu.

C'est d'une connerie, en plus. Pauvre homme qui a failli être obligé à réfléchir de façon même pas productive par une source extérieure, sois l'auteur de ton propre abrutissement et retourne donc sans honte te gaver d'ombres.

Récemment, j'ai allumé la télé - je hais la télé - et découvert les programmes culturels de la Sixième. "Les prolétaires en vacances", "Va t'faire refaire la cuisine" ou "Chérie, j'ai relooké les gosses", c'est que du bonheur. C'est dans ces émissions que les normes sociales que l'on voudrait nous faire croire dominantes sont les plus saillantes, à la fois dans le matériau - changeons tout, à tout prix, parce que Susan Boyle est intolérable, inacceptable, dangereuse avec les cheveux gris - et dans le commentaire - il ne faut pas trop voiler le propos, sinon le téléspectateur ne comprend plus. C'est donc à coups d'infos percutantes et facilement digérables comme "Les jeunes adorent les soirées qui tournent mal", "Chaque éphèbe martiniquais rêve d'arnaquer une vieille européenne en lui faisant miroiter l'amour alors qu'il ne pense qu'à nourrir sa famille, le scélérat" ou "Les sous-pentes doivent être aménagées en rangements" que j'ai franchi l'étape la plus marquante de ma socialisation secondaire.

De quoi finir à Marmottan.

mercredi 19 janvier 2011

Aujourd'hui

est un grand jour.
L'on s'ouvre au public comme une jeune vierge à un Obersturmführer libidineux.
Hideste avec circonvolutions et fausse reluctance.

Et allez.

mardi 18 janvier 2011

Sachant que

Après tout il n'y a pas à faire du sale tout le temps, n'est-ce pas ? Pas sous prétexte que la nuit est tombée que je vais me forcer. Et puis « la nuit est tombée », c'est tellement ridicule, ça veut rien dire. La nuit ne tombe pas, elle s'installe.

Tu sais, quand il pleut comme ça dans les rues ? Vraiment ? Je vois. Alors tu comprends à quel point on jouit d'y marcher, parapluie en main, savoir qu'autour de nous l'eau se déchaîne et que nous on est à l'abri, tranquille. Avoir sa bulle dans le monde liquide, c'est pas mal, quand même. C'est pour ça que j'aime bien la pluie, métaphore de quelque chose, l'occasion de se sentir à la fois protégé et à l'intérieur de, l'occasion de s'en extraire sans vraiment. Enfin c'est le principe, c'est aussi ça que j'aime vivre, ces moments. Et puis la nuit, la nuit, parce que c'est beau, la beauté simple à l'état pur et débarrassée de tout le reste. Une ville un peu morte, morbide, c'est ça qui pousse à vivre. Sous un parapluie.

C'était il y a peu, j'étais sorti comme ça la nuit, il pleuvait, je n'avais pas de véritable but. Et j'aime bien faire un peu des virages. Même quand j'ai un but, d'ailleurs. Enfin là j'étais sorti, je marchais. Et il pleuvait, c'est ça le truc. Sinon, je crois pas que je l'aurais croisé. Enfin si, mais yaurait eu d'autres gens, ça aurait été différent. Un type qui restait là sous la pluie. Il était assis sur un banc, et il ne faisait rien. Cet abruti était en train de se tremper, si c'était pas déjà fait.

Je suis allé le voir, je lui ai demandé si ça allait, c'aurait été bête qu'il se soit endormi et qu'il se réveille imbibé d'eau. Quand même, parfois, j'ai un cœur. Il ressemblait pas à un clodo, en plus : bien habillé, tout ça. Du coup ça allait. J'aime pas les clodos, ils puent même sous la pluie. Au début il m'a pas répondu, ça m'a un peu énervé, il se prenait pour qui ? « Monsieur ! » j'ai dit. Et là il s'est tourné, il m'a dit qu'il attendait quelqu'un, ou j'sais pas, à peu près, j'ai pas très bien compris. Enfin je l'ai pas cru de toutes façons. Je l'ai observé, un peu suspicieux, mais lui il me regardait plus, il était reparti les yeux dans le vague, le visage tourné vers le ciel. Je crois qu'il était drogué, un truc dans le genre. À quoi, je sais pas, mais il avait pas trop l'air réveillé. Je me suis demandé quel effet ça pouvait faire, d'être drogué sous la pluie.

Mais quand même, les gens comme ça qui sont perdus dans leur propre truc, ils manquent plein de choses. Je me suis dit que lui, il voyait pas à quel point c'était chouette, cette ville un peu morte comme ça, et puis la nuit, qui fait naître un mystère à chaque coin de rue. En plus il prenait l'eau, ce con.

Brève de comptoir

XIXème siècle, campagne anglaise, près d'un charmant cottage.

Un petit garçon affublé d'une ridicule culotte courte en toile marron et d'une casquette du même tissu s'ennuie pendant que ses parents discutent affaires avec un couple d'amis autour d'un seau de thé. Il joue quelques minutes avec des brindilles qu'il a trouvées sous le porche, expectore abondamment à cause de la poussière soulevée par les chevaux menés à l'écurie. Il les suit et s'assied sur un tas de fourrage, au milieu des bêtes. Un rayon de soleil passe par la porte entrouverte et s'étend en une longue bande jusqu'aux pieds de l'enfant. Celui-ci déplace l'amas de luzerne qui lui sert de trône et se rapproche du rectangle de lumière pour se réchauffer les testicules.

Un âne s'avance et lui demande une clope. L'enfant sort un paquet vide, le regarde intensément et donne à l'animal un affectueux baiser sur le museau. La chaleur de l'air, l'odeur du foin, la moiteur de la chair de l'âne éveillent des sensations inconnues dans le bas-ventre du jeune garçon. Une vague de plaisir d'une douceur enivrante le saisit alors qu'il effleure les narines de l'animal. Tous deux se mettent à fumer.

- Comment tu t'appelles ?
- Bob, dit l'âne.
- Oh, je vois.
- Oui.

Après un long silence, l'équidé prend la parole, sur un ton très doux, presque mélancolique :

"L'âne ferma les paupières et se tourna vers le soleil. L'enfant l'imita, laissant son esprit vagabonder. Son compagnon se mit à fredonner la chanson qui avait bercé le garçon lors des longs après-midi d'étés pendant lesquels il avait terminé son développement ex utero :

"Hey my name is Mary Ann"
"No it's not...don't you mean turkey neck?"
"Oh that's right, thanks for the reminder."
"Anytime."

Depuis combien d'années vivaient-ils ainsi l'un près de l'autre sans jamais s'être adressé un regard ? Se pouvait-il que la sensation ressentie par l'enfant ne soit pas étrangère à son nouvel ami ?"
a
Le petit garçon, tremblant, tourne lentement son visage vers celui de l'âne, et avec passion, lui souffle :
"Jamais l'enfant ne s'était senti si bien. Le monde menaçait de s'écrouler autour de lui, mais il savait que rien ne pourrait lui arriver tant que l'âne serait à ses côtés pour le protéger. Ses parents, l'école, ses relations incestueuses avec sa petite soeur de dix mois lui semblaient futiles à côté de ce qu'il était en train de vivre. Il voyait la queue de son compagnon battre au rythme de son coeur, et les mouches qu'elle chassait étaient autant d'étoiles dans ses yeux. Il lui semblait..."
a
Soudain, il s'interrompt. L'image des mouches et des étoiles est-elle vraiment pertinente ? A peine cette question lui a-t-elle traversé l'esprit qu'un terrible coup de sabot lui fend le crâne et l'étend, mort, dans la poussière de l'étable.
L'âne, encore ivre de rage, fixe sa victime avec dégoût et lui lance une imprécation en hébreu pour souiller à jamais l'honneur de sa famille.
a
Putain, j'ai faim.

Ah ça !

Alors ça j'aime bien. J'ai failli sortir chercher du pain, tout à l'heure. J'aurais pu voir des choses incroyables. Un concert de klaxons, deux types qui se foutent sur la gueule à cause d'un coup de frein malencontreux, une vieille tremblante et un peu puante qui glisse sur une merde de chien et se rattrape à un réverbère en maudissant les jeunes, particulièrement les jeunes chiens, une goutte d'eau glacée qui tombe d'un toit juste sur mon crâne - à croire qu'elle m'avait attendu toute la matinée, cette catin - et me dégouline le long de la colonne, comme de juste.


Mais aussi l'agent de circulation décidément malchanceux qui, parce qu'il se remet mal de sa dernière rupture, s'en paye une des ligaments croisés en se prenant de plein fouet la borne-qui-empêche-les-gens-de-se-garer-et-qui-est-difficile-à-voir-avec-des-yeux-embués-de-larmes. Et le vendeur de marrons qui, parce que tout ne va pas mal en ce bas monde, se dit que les affaires roulent bien par ce temps de merde et qu'il pourra bientôt s'acheter un flingue.

Mais je n'avais rien à mettre sur mon pain, alors tant pis.

288, encore.

De mon lit je contrôle le monde.
J'habite haut, très haut. J'entends, je vois et je sens, je regarde et je vis. Un peu.
Parfois, je descends, je prends ma respiration, je m'immerge et je reçois. Purement. Je laisse s'imprimer sur ma sensibilité tout ce qui converge vers moi, sans m'y dérober, sans interposer quoi que ce soit d'intellectuel ou de cognitif entre mes nerfs et le monde. Par flemme, par facilité, par jeu, par expérience.
Si l'on ne peut atteindre l'absolu derrière un esprit en activité, pourquoi ne pas renoncer pour un temps à ces facultés qui font de nous des hommes, pourquoi ne pas se transformer en objet sans volition ni vélléité pour recevoir en bloc la matière première sensorielle ? Bien sûr, elle fuit à toute bringue, surtout si on tente de se rebrancher. Comment garder la mémoire enclenchée tout en désactivant le système d'exploitation ? Ca devrait être possible, pas besoin a priori d'être un génie pour trouver ce qui se cache sur les goutelettes presque impalpables.
Bref, je finis toujours par remonter. Alors je fais la même chose, depuis mes hauteurs.
Je me dis souvent que la mise en veille de mon esprit dure de plus en plus longtemps, qu'un jour je ne me réveillerai plus.

lundi 17 janvier 2011

Il ?

Partiels partiels partiels.
Toujours aimé cette dénomination.
Découvrir, apprendre, maîtriser, recracher, oublier, le tout en quelques heures. Epreuve d'un nouveau genre.
Effrayant de s'apercevoir que plus personne n'attend qu'on réfléchisse. Enfin effrayant... non, je dis ça comme je dirais "yourte". Fange fange fange. J'aime ce mot, même si je me déteste un peu plus à chaque fois que je l'utilise. J'imagine que la plupart des gens qui ouvrent la bouche pour le prononcer avalent en même temps une grosse tasse de la susdite, et que je n'y échappe pas.
M'enfin tout de même. Raisonner comme en TD, refaire une démo du cours, disserter en utilisant les exemples du prof. Oh le beau.
Et puis cette flemme, didjû !
Oh oui, c'est pour ça que je te réveille. Je suis de ceux qui ne supportent pas de voir des gens plongés dans un sommeil réparateur alors que là, à côté, on se fait chier.
"Pas de putains d'O'Cédars", déclame la voix de Brassens qui me squatte la tête depuis cette nuit. Les temps sont durs. Je dors même un peu.
Alleï, j'y.

jeudi 13 janvier 2011

Ta mère

Aujourd'hui j'aurais envie de dire quelque chose de sale.

Et pour dire du sale, quoi de mieux que de parler de soi ? « Le Moi est haïssable », vous savez bien. Haïssez-moi, mais nomdedieu, faites quelque chose. Comme quelqu'un à qui on parlerait, que l'on essaierait de faire rire, d'émouvoir, n'importe quoi, et qui resterait inexpressif. Alors on le frapperait, on essaierait de le faire réagir, n'importe comment. Tu vois, c'est ça le problème : les gens savent plus ce que c'est que de vivre, et sans vouloir dire que c'était mieux avant, ben, c'était mieux avant. Je te parle de moi, là, je sais pas si t'as remarqué. Mais non, t'as sûrement pas remarqué. D'ailleurs, on parle toujours de soi, quoi qu'on fasse. Parce que l'humain est fondamentalement stupide et centré sur lui-même, parce qu'il est incapable de faire quoi que ce soit qui sorte un peu de lui, lui et encore lui. Ceux qui paraissent le faire font semblant. Et parfois même, ils se font croire à eux-mêmes qu'ils sont sincères. Mais tout le monde est égoïste, c'est un fait. C'est pas grave, on va pas s'en chier une pendule, mais c'est un fait. Je te dis ça, je le pense pas forcément, mais comme je disais, je veux que tu réagisses, que tu dises quelque chose.

En plus, c'est la nuit. C'est encore la nuit, c'est toujours la nuit. Un monde sous les fumées de Tchernobyl, voilà, ça ce serait sympa. La nuit, et encore la nuit, histoire de ne plus voir ces visages morts qui se promènent chaque jour autour de soi. Tu sais quoi ? Ben voilà, c'est tout. Je suis de mauvaise humeur, je ne sais pas si tu as remarqué. Et puis merde, c'est quoi la vie, hein ? C'est ça la vie ? Parfois j'en ai marre de vivre comme ça, je voudrais faire des choses un peu plus grandes que ça, que ce boulot pourri et insignifiant (je t'en parlerai une autre fois, quand je serai de bonne humeur, et si tu t'en fous, tant pis). J'aspire à quelque chose d'autre.

mercredi 5 janvier 2011

Vivre comme un poulpe

Tu vois, la vie c'est pas seulement ça.

Vivre c'est toute une affaire. Oh tout le monde est au courant, de ça, tout le monde le dit : survivre ≠ vivre. Qui le comprend, qui le ressent ? Ta mère peut-être ? Je n'insulte pas, c'est un réflexe, inutile de s'offusquer. Les gens s'offusquent parfois, c'est stupide. Et puis c'est la nuit, encore plus stupide, s'offusquer n'a pas de sens la nuit, car c'est une réaction qui n'a sa place qu'en société ; et la nuit, plus de société. Voilà pourquoi j'aime bien : le mystère, et plus de société. La disparition des imbéciles, avalés par l'obscurité. Chouette programme.

Je vivote, voilà, je gratte avec des doigts, gratte avec une plume, et vivote, et sans vouloir être grossier, c'est la merde. J'aimerais un autre endroit, un lieu inconnu, à découvrir, le plaisir de la découverte, ça doit être vraiment génial. Christophe et ses potes débarquant juste là. Sauf que bon, plus rien à découvrir, alors je mange des chips en regardant des séries ; normal, plus rien à découvrir. Gros sentiment d'aquabonisme, sentiment de puissance inutile, un dragon dans un monde ignifugé, ridicule. Je voudrais une cause à défendre, là tout de suite, quelque chose dans lequel engager mon esprit, je pourrais enfin faire vraiment quelque chose de ma vie alors. Mais le vide, c'est d'une laideur. Et tout est vide, là, la société est vide, il faut le dire. Je me sens moi aussi un peu vide, comme un type fumant une cigarette à la fenêtre, dans la nuit de la ville. C'est calme, tu entends juste les voitures en bas, quelques sirènes, peut-être un chien : les ronflements d'une cité endormie. Mais tout ça c'est vide, peut-être calme et apaisé mais vide. Demande-toi s'il est arrivé au Che de fumer une cigarette, négligemment accoudé au balcon, en écoutant la ville en-dessous. Non, hein ? Voilà ce que j'appelle survie. Ceux qui disent que vivre, c'est justement là que ça se passe, dans ces moments de paix, je ne les comprends pas. Vivre, c'est quand même autre chose qu'être en paix, non ? C'est l'activité, faire des choses, lutter pour quelque chose. Voilà, je voudrais une cause à défendre, je pourrais écrire, sortir crier dans les rues, retrouver des pavés, des barricades, toutes ces choses disparues.

Je suis un enfant des siècles passés.

mardi 4 janvier 2011

Do you fear my Chibre ?

Tu vas insinuer que je ne dors jamais. C'est faux.

Il y a eu cette fille aujourd'hui, je tairai son nom parce que je vais en dire du mal. En tout cas je m'entendais bien avec elle jusque là. De nos jours il est rare de rencontrer des gens qui ont encore un peu de liberté dans leur tête, j'avais bien l'impression qu'elle en était. Comme quoi on peut toujours se planter. Enfin je ne lui en veux pas, ça non, je suis juste un peu déçu de ne croiser que de la bien-pensance qui s'effraie au sortir des sentiers battus. Je vais pas dire que j'en sors, des sentiers battus, ce serait un peu m'avancer ; enfin j'essaie en tout cas.
C'est ça qui a dû lui faire peur. Je te passe les détails, de toutes façons ça ne m'intéresse pas, mais on s'entendait bien et tout à coup, sans raison, elle a pris un peu de distance. J'ai dû sortir un peu trop de la pensée-cliché, ou alors juste essayer. Enfin c'est dommage, je croyais qu'elle, elle avait quelque chose de ça, un peu. Quelque chose de plus que l'humain que je croise dans la rue en packs de douze. Comme je disais, on peut toujours se planter. Après tout, vouloir penser de façon pas trop différente des autres, ne pas prendre de danger, je peux comprendre. Ça fait toujours peur, l'inconnu, même l'inconnu de la pensée. Peut-être que j'en ai peur, mais au moins j'y vais, merde. C'est bien la paresse intellectuelle qui m'énerve, tiens.

Enfin, je vais la recroiser, forcément (je raconte pas encore ma vie, là ; mais je la croise souvent, c'est un fait). Je ne sais pas ce que je ferai, peut-être que j'essaierai de parler encore un peu avec elle. Après tout, je voyais en elle un peu de potentiel informulé, quelque chose de spécial ; je ne me suis pas planté, si ? Et si elle m'ignore, qu'elle aille se faire. Je ne ferai pas d'effort pour retourner vers elle. Pas maintenant, disons. Déception oblige.

lundi 3 janvier 2011

Hommage aux travailleurs souterrains

Laid. Tu ne trouves pas ?

Incroyable, quand on y pense, le nombre de choses qui jurent avec leur fond. Une femme moche dans une belle robe. Un sourire sous la grisaille. Un élément non nul et non inversible au beau milieu d'un corps (algébrique, s'entend). Une molaire dans un rôti de porc. Un seau dans un bar à cigares. Un veau dans une chaussure. De quoi se prendre pour une oh! abeille. D'ailleurs dénommée Tenka pour des raisons évidentes.

Lèvres gercées et doigts gourds

Emergence.
Et allez, 6h du matin. On n'a pas idée. Il y a des heures dans la journée qu'il faudrait supprimer, quitte à reboucher le trou en les mettant là où ça sert. Vers minuit, par exemple, il en manque bien deux, alors que de 4 à 6 le matin... franchement. Faudra que je leur écrive. En attendant, j'ai super mal dormi... et je me paye une tension cervicale qui annonce un joli mal de tête.
Moi moi moi moi moi moi moi.
Bon, go mandarines, c'est bon les mandarines le matin, et puis c'est frais et facile à éplucher, même dans le noir. Avec un carré de chocolat de cuisine, ah oui mais merdre, ça va mietter et à tous les coups je marcherai dedans d'ici le lever du jour. Non, je vais plutôt attendre que la batterie de mon portable se décharge, ça ne fera pas passer mes aigreurs d'estomac mais au moins je ne saloperai pas le tapis, ça me crève rien que de m'imaginer en train de frotter ce truc.
Impression de ne pas avoir dormi, tiens. Ou plutôt de m'être assoupi quelques minutes puis réveillé la gueule enfarinée et la gorge serrée, comme dans un train du très-matin, je suis très mauvais à ça, je lutte pendant une heure contre mes paupières puis je cède, et un virage, un courant d'air ou le premier de mes ronflements me réveille en sursaut, me condamnant à une demi-journée de profond mal-être laryngique.
Et toi ? Déjà réveillée ? Tu n'as pas réussi à trouver le sommeil ? Ne me dis pas que tu m'as regardé dormir... ah, ça me rassure. Tu n'auras de moi que ce que je voudrais bien te donner et n'échapperas à rien de ce que je voudrais te montrer ; c'est incroyable comme mon pouvoir est grand et immérité. Ca tombe bien, tu ne m'as pas l'air trop vindicative... tu pourrais légitimement te révolter. Oui, parce qu'à la différence d'un potentiel lecteur, tu es totalement à ma merci. Lui non plus il ne peut pas regarder par la serrure mais il peut choisir, au moins, il a sa vie, une vie, tu sais. Toi... tu es ma destinataire, tu l'as toujours été, tu ne seras que ça jusqu'à ce que je me lasse de t'écrire. Tu as déjà changé de nom pas mal de fois, de sexe aussi, et crois-moi, ce n'est pas fini. Tu vas déguster, mais que veux-tu... c'est comme ça. Au moins je ne t'annonce pas les élucubrations les plus folles, les facéties les plus rocambolesques du Net, ça t'évitera d'être déçue.
Ah ah. Allez, il est temps de mettre la machine en route.

Nuit et brouillard

La nuit c'est un peu le royaume du faiseur d'ombres, c'pas ? Je veux dire, c'est la nuit qu'on accède à l'aspect véritable de la chose. Ceci dit je ne dors pas, le rêve m'est inaccessible, mais on se sent un peu comme libéré de tout, la nuit. Et puis la joie d'apercevoir l'aube, lumière de la mort, comme ils disent, sorte de jouissance un peu macabre, tant pis. Le macabre ne me dérange pas non plus.

Il fallait que je vienne la nuit, impensabilité du contraire, absurdité d'une apparition en plein jour. Faiseur d'ombres, je n'sais pas, mais faiseur de lumière, non pas. J'y vis mieux, d'ailleurs, que dans la lumière, horrible, sans mystère. J'aime le mystère presque autant que le macabre, c'est dire si. Crafter du texte, j'ayme bien ça aussi, en même temps acte de flemme et de création. Créer, faire quelque chose de soi, autre que de gratter, j'entends. Crafter et gratter, voilà, ce qui me rend un peu plus tranquille. Notez, c'est moche, textualiser comme ça sans autre forme de ; mais jouissif, quelque part, j'aime, la saleté du principe du blogguent, inutilisme en même temps qu'invasion par soi. Surtout la nuit, je n'sais pas si je l'ai déjà dit.

Enfin je me débrouille plutôt pas mal pour être moi, je trouve. Pas facile, faut dire, aujourd'hui surtout, désindividualisation, tout ça. Je ne m'étends pas, je n'en sais pas plus. Jamais supporté le parleur sur tout, forcément diseur de conneries, je me supporte peu, donc. Mais j'arrive à être un peu cohérent, c'est un peu l'essentiel à mon sens.

Pounage de dindon sur pounage de dindon non plus, pas mon truc, jamais été fan du violent autosatisfait de sa propre. Sauf quand c'est nécessaire, une sorte d'intuition disant de rentrer dedans, que c'est important. Quand il faut, j'y vais, mais sinon, bof.

C'était la nuit, je vais presque dormir maintenant, reposer un peu corps et âme, histoire de. Et demain, repartir, sentiment de capacité, toujours, heureusement. Dindonnage.

dimanche 2 janvier 2011

S'en tamponner le coquillard

Aujourd'hui, je me sens l'âme d'une excavatrice géante.
Tout va bien, mon environnement direct est exceptionnellement calme et mon corps pue la sérénité. Aucun grain de sable sensoriel dont je ne puisse faire abstraction. Sentiment simple et délectable d'être une puissance au repos.
Demain matin, je m'agiterai, mais tout cela n'est qu'un jeu déjà gagné, une quête onaniste du bonus de mieux-vivre-mieux-égoter. Oh que c'est bien, que c'est bien. Sens-toi comme ça, Bernie, c'est délicieux, une sorte de flemme savante qui ne disserte pas, une flemme lucide qui pour une fois n'analyse pas les tréfonds du nombril de son nombril pour savoir si elle est bien consciente d'elle-même.
Cherche belle formule pour clore.