mercredi 2 février 2011

Je t'aime encore

La vie est-elle si différente ailleurs ? Si oui, il faut aller bien loin.

J'avais tendance à voir la ville comme une entité spécifique qui met en forme les rapports sociaux et façonne l'individu à son image - gris, froid, fonctionnel. J'ai appris à l'appréhender comme un condensateur plus neutre, un densificateur de relations elles-mêmes froides et fonctionnelles. Je ne sais pas laquelle de ces deux approches est la plus pertinente, et je crois que personne n'en sait trop rien. Quoiqu'il en soit, la longue marche que j'ai faite cet après-midi le long du boulevard B. m'a donné l'impression que peu de choses ici sont à taille humaine. Je cherchais une occupation, ou peut-être à me faire renverser. J'errais comme j'erre toujours. Je voyais les voitures progresser par petites étapes dans l'immense voie dont on distinguait à peine le bout et me disais que si l'un des automobilistes, pour se distraire ou pour voir comment ça fait, décidait de foncer sur moi, je pourrais en finir avec la peur de la mort, avec la recherche existentialiste et perdue d'avance de mon identité, avec la solitude qui me ronge. J'observais le lent défilement des cellules dans l'artère démesurée que je traversais et l'envie de pleurer me tenaillait. La ville offrait à voir tout ce que la vie a de mécanique, et je peinais à trouver quoi que ce soit de précieux qui me différencie d'un système causal. Je fantasmais depuis toujours en l'humain un foyer qui le rendait unique ; à cet homme-là, la ville ne correspond pas.

Je m'en fous.

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