lundi 24 janvier 2011

Bande de prolos

J'aime bien les histoires d'animaux.

Tiens, regarde, ça se passe maintenant. Je suis assis je sais pas où, enfin je suis assis quoi. L'autre saloperie vient m'inonder de son affection glaireuse, me baigne de son regard torve et pose sa tête sur mon genou, style "j'ai rien de mieux à phoutre que te fixer, alors je m'installe". J'ai une forte envie de lui sandwicher la gueule, mais faudrait pas que je le rate et même s'il n'a pas les réflexes d'une mouche, il a de bonnes chances de s'en remettre et moi de prendre cher.

Alors j'accepte. Ce connard me fout les boules, il y a un truc bizarre qui sort du foie de veau pileux qui lui sert de gueule et j'ose pas lui demander ce que c'est. Je suis pas du genre à me faire des films, mais il y en a un qui me revient en tête, l'adaptation troublante de Watchmen dans laquelle on voit une sous-merde du même acabit en train de mâchonner le tibia d'une fillette. Oh, tu peux rigoler. Bref, là il ne me semble pas si dangereux que ça, il a surtout l'air mou, en fait.

Des kilos de connerie stagnante. Yeux de con. Paupières de con. Orgelet de con. Truffe de con, fendue en deux en plus, je ne veux pas savoir pourquoi. Quelle déchéance. Comment aimer un truc pareil ?  "T'es con." Ca fait du bien. "T'es con, con, de plus en plus con." Son orgelet suppure, c'est un poème. Il doit avoir du mal à ouvrir l'oeil au réveil. A bien regarder, il a pas mal de plaies et toutes ont l'air dégueulasse. Et toujours ce truc qui sort de sa gueule. Ca ressemble quand même vachement à un os, cette merde.

Bon, de toute façon je ne peux plus bouger, cet enfant de putain a décidé de s'endormir. Sa tête s'affaisse comme une méduse sur ma cuisse, et c'est parti pour une heure de sécrétions. Il innove, note, je savais pas qu'un être vivant pouvait produire des trucs comme ça. J'aurais dû me barrer avant qu'il arrive au contact, je suis foutu maintenant, j'ai plus qu'à attendre qu'il se réveille, si je le force il va m'emmener un truc. De toute façon j'ai rien à faire de la journée. Mais quand même, il pue, ce sac à merde. Avec le soleil qui tape, pas étonnant que les mouches rappliquent. J'ose pas les chasser, si je lui colle une baffe je suis dans la merde, et puis j'aime pas Ravel. L'ordure, il fuit de plus en plus.

Oh ben. Il est tombé. D'un coup, comme une merde. Il a tressailli, sa tête a glissé de ma cuisse et puis il s'est éclaté la tronche sur le sol. Du coup il a ouvert son grenier à chiasse, le truc osseux c'était sa mâchoire. Mochement défoncée, dis. Tiens, il a un trou dans le flanc, ou deux, ça ne fait pas grande différence, c'est pas exactement aussi propre que du Rimbaud. Les mouches s'agglutinent, très profond déjà, en fait elles ont pondu à l'intérieur depuis belle lurette. Là c'est assez clair, le chien est mort.

Qu'il est moche.

dimanche 23 janvier 2011

Ce n'est pas parce qu'ils sont pauvres qu'il faut les mépriser ; c'est parce qu'ils sont croates

En fait, je ne m'appelle pas Michel.
Je ne sais pas ce que vous avez, tous. J'aurais signé "Polpot240", tout le monde aurait compris.

Quelqu'un joue du piano dans mon immeuble. Tu sais comme ça peut être déprimant ? J'ai failli jouer du piano, une fois. Depuis, ça me manque. Atrocement. Oh, encore cette langueur.

J'ai l'impression d'être Harry Goldfarb dans Requiem for a Dream, le cul sur son canapé à attendre le retour de sa copine. Je n'ai pas de copine, mais j'ai la nette impression que quelque chose d'important est en train de se souiller juste pour me permettre de rester dans ma fange.
Surtout ne pas paniquer. De toute façon, je ne peux plus.

Ceci est un journal, ceci n'est pas un pamphlet, ceci est mou, ceci n'est pas sophistiqué, ceci est l'oeuvre du Benoît ci-dessous, ceci n'est pas mon corps, ceci est une pipe.

Benoît

Benoît est un croquemort clandestin.
Benoît n’est pas lui-même.
Benoît est pauvrement garni de soleil.
Benoît est soupe autant que poireau.
Benoît n’est pas ploutocrate contestataire.
Benoît est le huitième vœu des sœurs sauvages.
Benoît est salé.
Benoît est humide.
Benoît n’est pas sans allusions.
Benoît est un arbre centenaire.
Benoît est un sac de sable.
Benoît est trois fois.
Benoît est l’affinage du tissu indu.
Benoît n’est pas l’escalier de son propre Georges.
Benoît est grand, mais surtout jaune.
Benoît est allumé par la carte de l’Antalice.
Benoît est la place du souvenir étroit.
Benoît est sacrément humanoïde.
Benoît est pirate, depuis l’avènement du calice.
Benoît n’est pas cruel, mais n’est pas cruel.
Benoît est la flamme du chandelier.
Benoît est ignifugé salle de couchage.
Benoît est par ma foi, Jean-Claude.
Benoît est la même chose que l’autre, mais en la retournant de l’intérieur.
Benoît est un travers sans cesse, un peu oublié de ses sinus.
Benoît est.
Benoît n’est pas.
Benoît est, sans blague, la plume de cheval.
Benoît est un poil.
Benoît est si indifférent à la course du pinacle.
Benoît est une fois par ci par là, l’invention qui le bouleversa dès sa naissance.
Benoît est unilatéralement conquis sous l’impulse de son emphase.
Benoît est un apogée du chancre d’un capitalisme.
Benoît est l’allégation charismatique antédiluvienne.
Benoît n’est pas le croquemort clandestin.

vendredi 21 janvier 2011

Pas besoin d'être grand druide

La clé d'un numéro de Sécurité sociale
est donnée par la différence entre 97 et le reste

Mal au crâne ? Prenez un Prill.
 de la division par 97 des numéros qui
précèdent mis bout à bout.

Depuis deux jours, une affiche de douze mètres sur huit orne la façade de mon immeuble, juste en-dessous de ma fenêtre. Pas besoin de regarder dehors, c'est comme si je sentais tous les regards tournés vers moi, stoppés à quelques mètres seulement de ma cellule protectrice. J'imagine la concentration du type qui essaye de lire et de comprendre les petits caractères à des dizaines de mètres de distance et je vois le faisceau de son attention focalisée transpercer le mur pour me heurter de plein fouet, violer ma solitude et s'en détourner aussitôt le texte ingurgité et le message publicitaire reçu.

C'est d'une connerie, en plus. Pauvre homme qui a failli être obligé à réfléchir de façon même pas productive par une source extérieure, sois l'auteur de ton propre abrutissement et retourne donc sans honte te gaver d'ombres.

Récemment, j'ai allumé la télé - je hais la télé - et découvert les programmes culturels de la Sixième. "Les prolétaires en vacances", "Va t'faire refaire la cuisine" ou "Chérie, j'ai relooké les gosses", c'est que du bonheur. C'est dans ces émissions que les normes sociales que l'on voudrait nous faire croire dominantes sont les plus saillantes, à la fois dans le matériau - changeons tout, à tout prix, parce que Susan Boyle est intolérable, inacceptable, dangereuse avec les cheveux gris - et dans le commentaire - il ne faut pas trop voiler le propos, sinon le téléspectateur ne comprend plus. C'est donc à coups d'infos percutantes et facilement digérables comme "Les jeunes adorent les soirées qui tournent mal", "Chaque éphèbe martiniquais rêve d'arnaquer une vieille européenne en lui faisant miroiter l'amour alors qu'il ne pense qu'à nourrir sa famille, le scélérat" ou "Les sous-pentes doivent être aménagées en rangements" que j'ai franchi l'étape la plus marquante de ma socialisation secondaire.

De quoi finir à Marmottan.

mercredi 19 janvier 2011

Aujourd'hui

est un grand jour.
L'on s'ouvre au public comme une jeune vierge à un Obersturmführer libidineux.
Hideste avec circonvolutions et fausse reluctance.

Et allez.

mardi 18 janvier 2011

Sachant que

Après tout il n'y a pas à faire du sale tout le temps, n'est-ce pas ? Pas sous prétexte que la nuit est tombée que je vais me forcer. Et puis « la nuit est tombée », c'est tellement ridicule, ça veut rien dire. La nuit ne tombe pas, elle s'installe.

Tu sais, quand il pleut comme ça dans les rues ? Vraiment ? Je vois. Alors tu comprends à quel point on jouit d'y marcher, parapluie en main, savoir qu'autour de nous l'eau se déchaîne et que nous on est à l'abri, tranquille. Avoir sa bulle dans le monde liquide, c'est pas mal, quand même. C'est pour ça que j'aime bien la pluie, métaphore de quelque chose, l'occasion de se sentir à la fois protégé et à l'intérieur de, l'occasion de s'en extraire sans vraiment. Enfin c'est le principe, c'est aussi ça que j'aime vivre, ces moments. Et puis la nuit, la nuit, parce que c'est beau, la beauté simple à l'état pur et débarrassée de tout le reste. Une ville un peu morte, morbide, c'est ça qui pousse à vivre. Sous un parapluie.

C'était il y a peu, j'étais sorti comme ça la nuit, il pleuvait, je n'avais pas de véritable but. Et j'aime bien faire un peu des virages. Même quand j'ai un but, d'ailleurs. Enfin là j'étais sorti, je marchais. Et il pleuvait, c'est ça le truc. Sinon, je crois pas que je l'aurais croisé. Enfin si, mais yaurait eu d'autres gens, ça aurait été différent. Un type qui restait là sous la pluie. Il était assis sur un banc, et il ne faisait rien. Cet abruti était en train de se tremper, si c'était pas déjà fait.

Je suis allé le voir, je lui ai demandé si ça allait, c'aurait été bête qu'il se soit endormi et qu'il se réveille imbibé d'eau. Quand même, parfois, j'ai un cœur. Il ressemblait pas à un clodo, en plus : bien habillé, tout ça. Du coup ça allait. J'aime pas les clodos, ils puent même sous la pluie. Au début il m'a pas répondu, ça m'a un peu énervé, il se prenait pour qui ? « Monsieur ! » j'ai dit. Et là il s'est tourné, il m'a dit qu'il attendait quelqu'un, ou j'sais pas, à peu près, j'ai pas très bien compris. Enfin je l'ai pas cru de toutes façons. Je l'ai observé, un peu suspicieux, mais lui il me regardait plus, il était reparti les yeux dans le vague, le visage tourné vers le ciel. Je crois qu'il était drogué, un truc dans le genre. À quoi, je sais pas, mais il avait pas trop l'air réveillé. Je me suis demandé quel effet ça pouvait faire, d'être drogué sous la pluie.

Mais quand même, les gens comme ça qui sont perdus dans leur propre truc, ils manquent plein de choses. Je me suis dit que lui, il voyait pas à quel point c'était chouette, cette ville un peu morte comme ça, et puis la nuit, qui fait naître un mystère à chaque coin de rue. En plus il prenait l'eau, ce con.

Brève de comptoir

XIXème siècle, campagne anglaise, près d'un charmant cottage.

Un petit garçon affublé d'une ridicule culotte courte en toile marron et d'une casquette du même tissu s'ennuie pendant que ses parents discutent affaires avec un couple d'amis autour d'un seau de thé. Il joue quelques minutes avec des brindilles qu'il a trouvées sous le porche, expectore abondamment à cause de la poussière soulevée par les chevaux menés à l'écurie. Il les suit et s'assied sur un tas de fourrage, au milieu des bêtes. Un rayon de soleil passe par la porte entrouverte et s'étend en une longue bande jusqu'aux pieds de l'enfant. Celui-ci déplace l'amas de luzerne qui lui sert de trône et se rapproche du rectangle de lumière pour se réchauffer les testicules.

Un âne s'avance et lui demande une clope. L'enfant sort un paquet vide, le regarde intensément et donne à l'animal un affectueux baiser sur le museau. La chaleur de l'air, l'odeur du foin, la moiteur de la chair de l'âne éveillent des sensations inconnues dans le bas-ventre du jeune garçon. Une vague de plaisir d'une douceur enivrante le saisit alors qu'il effleure les narines de l'animal. Tous deux se mettent à fumer.

- Comment tu t'appelles ?
- Bob, dit l'âne.
- Oh, je vois.
- Oui.

Après un long silence, l'équidé prend la parole, sur un ton très doux, presque mélancolique :

"L'âne ferma les paupières et se tourna vers le soleil. L'enfant l'imita, laissant son esprit vagabonder. Son compagnon se mit à fredonner la chanson qui avait bercé le garçon lors des longs après-midi d'étés pendant lesquels il avait terminé son développement ex utero :

"Hey my name is Mary Ann"
"No it's not...don't you mean turkey neck?"
"Oh that's right, thanks for the reminder."
"Anytime."

Depuis combien d'années vivaient-ils ainsi l'un près de l'autre sans jamais s'être adressé un regard ? Se pouvait-il que la sensation ressentie par l'enfant ne soit pas étrangère à son nouvel ami ?"
a
Le petit garçon, tremblant, tourne lentement son visage vers celui de l'âne, et avec passion, lui souffle :
"Jamais l'enfant ne s'était senti si bien. Le monde menaçait de s'écrouler autour de lui, mais il savait que rien ne pourrait lui arriver tant que l'âne serait à ses côtés pour le protéger. Ses parents, l'école, ses relations incestueuses avec sa petite soeur de dix mois lui semblaient futiles à côté de ce qu'il était en train de vivre. Il voyait la queue de son compagnon battre au rythme de son coeur, et les mouches qu'elle chassait étaient autant d'étoiles dans ses yeux. Il lui semblait..."
a
Soudain, il s'interrompt. L'image des mouches et des étoiles est-elle vraiment pertinente ? A peine cette question lui a-t-elle traversé l'esprit qu'un terrible coup de sabot lui fend le crâne et l'étend, mort, dans la poussière de l'étable.
L'âne, encore ivre de rage, fixe sa victime avec dégoût et lui lance une imprécation en hébreu pour souiller à jamais l'honneur de sa famille.
a
Putain, j'ai faim.

Ah ça !

Alors ça j'aime bien. J'ai failli sortir chercher du pain, tout à l'heure. J'aurais pu voir des choses incroyables. Un concert de klaxons, deux types qui se foutent sur la gueule à cause d'un coup de frein malencontreux, une vieille tremblante et un peu puante qui glisse sur une merde de chien et se rattrape à un réverbère en maudissant les jeunes, particulièrement les jeunes chiens, une goutte d'eau glacée qui tombe d'un toit juste sur mon crâne - à croire qu'elle m'avait attendu toute la matinée, cette catin - et me dégouline le long de la colonne, comme de juste.


Mais aussi l'agent de circulation décidément malchanceux qui, parce qu'il se remet mal de sa dernière rupture, s'en paye une des ligaments croisés en se prenant de plein fouet la borne-qui-empêche-les-gens-de-se-garer-et-qui-est-difficile-à-voir-avec-des-yeux-embués-de-larmes. Et le vendeur de marrons qui, parce que tout ne va pas mal en ce bas monde, se dit que les affaires roulent bien par ce temps de merde et qu'il pourra bientôt s'acheter un flingue.

Mais je n'avais rien à mettre sur mon pain, alors tant pis.

288, encore.

De mon lit je contrôle le monde.
J'habite haut, très haut. J'entends, je vois et je sens, je regarde et je vis. Un peu.
Parfois, je descends, je prends ma respiration, je m'immerge et je reçois. Purement. Je laisse s'imprimer sur ma sensibilité tout ce qui converge vers moi, sans m'y dérober, sans interposer quoi que ce soit d'intellectuel ou de cognitif entre mes nerfs et le monde. Par flemme, par facilité, par jeu, par expérience.
Si l'on ne peut atteindre l'absolu derrière un esprit en activité, pourquoi ne pas renoncer pour un temps à ces facultés qui font de nous des hommes, pourquoi ne pas se transformer en objet sans volition ni vélléité pour recevoir en bloc la matière première sensorielle ? Bien sûr, elle fuit à toute bringue, surtout si on tente de se rebrancher. Comment garder la mémoire enclenchée tout en désactivant le système d'exploitation ? Ca devrait être possible, pas besoin a priori d'être un génie pour trouver ce qui se cache sur les goutelettes presque impalpables.
Bref, je finis toujours par remonter. Alors je fais la même chose, depuis mes hauteurs.
Je me dis souvent que la mise en veille de mon esprit dure de plus en plus longtemps, qu'un jour je ne me réveillerai plus.

lundi 17 janvier 2011

Il ?

Partiels partiels partiels.
Toujours aimé cette dénomination.
Découvrir, apprendre, maîtriser, recracher, oublier, le tout en quelques heures. Epreuve d'un nouveau genre.
Effrayant de s'apercevoir que plus personne n'attend qu'on réfléchisse. Enfin effrayant... non, je dis ça comme je dirais "yourte". Fange fange fange. J'aime ce mot, même si je me déteste un peu plus à chaque fois que je l'utilise. J'imagine que la plupart des gens qui ouvrent la bouche pour le prononcer avalent en même temps une grosse tasse de la susdite, et que je n'y échappe pas.
M'enfin tout de même. Raisonner comme en TD, refaire une démo du cours, disserter en utilisant les exemples du prof. Oh le beau.
Et puis cette flemme, didjû !
Oh oui, c'est pour ça que je te réveille. Je suis de ceux qui ne supportent pas de voir des gens plongés dans un sommeil réparateur alors que là, à côté, on se fait chier.
"Pas de putains d'O'Cédars", déclame la voix de Brassens qui me squatte la tête depuis cette nuit. Les temps sont durs. Je dors même un peu.
Alleï, j'y.

jeudi 13 janvier 2011

Ta mère

Aujourd'hui j'aurais envie de dire quelque chose de sale.

Et pour dire du sale, quoi de mieux que de parler de soi ? « Le Moi est haïssable », vous savez bien. Haïssez-moi, mais nomdedieu, faites quelque chose. Comme quelqu'un à qui on parlerait, que l'on essaierait de faire rire, d'émouvoir, n'importe quoi, et qui resterait inexpressif. Alors on le frapperait, on essaierait de le faire réagir, n'importe comment. Tu vois, c'est ça le problème : les gens savent plus ce que c'est que de vivre, et sans vouloir dire que c'était mieux avant, ben, c'était mieux avant. Je te parle de moi, là, je sais pas si t'as remarqué. Mais non, t'as sûrement pas remarqué. D'ailleurs, on parle toujours de soi, quoi qu'on fasse. Parce que l'humain est fondamentalement stupide et centré sur lui-même, parce qu'il est incapable de faire quoi que ce soit qui sorte un peu de lui, lui et encore lui. Ceux qui paraissent le faire font semblant. Et parfois même, ils se font croire à eux-mêmes qu'ils sont sincères. Mais tout le monde est égoïste, c'est un fait. C'est pas grave, on va pas s'en chier une pendule, mais c'est un fait. Je te dis ça, je le pense pas forcément, mais comme je disais, je veux que tu réagisses, que tu dises quelque chose.

En plus, c'est la nuit. C'est encore la nuit, c'est toujours la nuit. Un monde sous les fumées de Tchernobyl, voilà, ça ce serait sympa. La nuit, et encore la nuit, histoire de ne plus voir ces visages morts qui se promènent chaque jour autour de soi. Tu sais quoi ? Ben voilà, c'est tout. Je suis de mauvaise humeur, je ne sais pas si tu as remarqué. Et puis merde, c'est quoi la vie, hein ? C'est ça la vie ? Parfois j'en ai marre de vivre comme ça, je voudrais faire des choses un peu plus grandes que ça, que ce boulot pourri et insignifiant (je t'en parlerai une autre fois, quand je serai de bonne humeur, et si tu t'en fous, tant pis). J'aspire à quelque chose d'autre.

mercredi 5 janvier 2011

Vivre comme un poulpe

Tu vois, la vie c'est pas seulement ça.

Vivre c'est toute une affaire. Oh tout le monde est au courant, de ça, tout le monde le dit : survivre ≠ vivre. Qui le comprend, qui le ressent ? Ta mère peut-être ? Je n'insulte pas, c'est un réflexe, inutile de s'offusquer. Les gens s'offusquent parfois, c'est stupide. Et puis c'est la nuit, encore plus stupide, s'offusquer n'a pas de sens la nuit, car c'est une réaction qui n'a sa place qu'en société ; et la nuit, plus de société. Voilà pourquoi j'aime bien : le mystère, et plus de société. La disparition des imbéciles, avalés par l'obscurité. Chouette programme.

Je vivote, voilà, je gratte avec des doigts, gratte avec une plume, et vivote, et sans vouloir être grossier, c'est la merde. J'aimerais un autre endroit, un lieu inconnu, à découvrir, le plaisir de la découverte, ça doit être vraiment génial. Christophe et ses potes débarquant juste là. Sauf que bon, plus rien à découvrir, alors je mange des chips en regardant des séries ; normal, plus rien à découvrir. Gros sentiment d'aquabonisme, sentiment de puissance inutile, un dragon dans un monde ignifugé, ridicule. Je voudrais une cause à défendre, là tout de suite, quelque chose dans lequel engager mon esprit, je pourrais enfin faire vraiment quelque chose de ma vie alors. Mais le vide, c'est d'une laideur. Et tout est vide, là, la société est vide, il faut le dire. Je me sens moi aussi un peu vide, comme un type fumant une cigarette à la fenêtre, dans la nuit de la ville. C'est calme, tu entends juste les voitures en bas, quelques sirènes, peut-être un chien : les ronflements d'une cité endormie. Mais tout ça c'est vide, peut-être calme et apaisé mais vide. Demande-toi s'il est arrivé au Che de fumer une cigarette, négligemment accoudé au balcon, en écoutant la ville en-dessous. Non, hein ? Voilà ce que j'appelle survie. Ceux qui disent que vivre, c'est justement là que ça se passe, dans ces moments de paix, je ne les comprends pas. Vivre, c'est quand même autre chose qu'être en paix, non ? C'est l'activité, faire des choses, lutter pour quelque chose. Voilà, je voudrais une cause à défendre, je pourrais écrire, sortir crier dans les rues, retrouver des pavés, des barricades, toutes ces choses disparues.

Je suis un enfant des siècles passés.

mardi 4 janvier 2011

Do you fear my Chibre ?

Tu vas insinuer que je ne dors jamais. C'est faux.

Il y a eu cette fille aujourd'hui, je tairai son nom parce que je vais en dire du mal. En tout cas je m'entendais bien avec elle jusque là. De nos jours il est rare de rencontrer des gens qui ont encore un peu de liberté dans leur tête, j'avais bien l'impression qu'elle en était. Comme quoi on peut toujours se planter. Enfin je ne lui en veux pas, ça non, je suis juste un peu déçu de ne croiser que de la bien-pensance qui s'effraie au sortir des sentiers battus. Je vais pas dire que j'en sors, des sentiers battus, ce serait un peu m'avancer ; enfin j'essaie en tout cas.
C'est ça qui a dû lui faire peur. Je te passe les détails, de toutes façons ça ne m'intéresse pas, mais on s'entendait bien et tout à coup, sans raison, elle a pris un peu de distance. J'ai dû sortir un peu trop de la pensée-cliché, ou alors juste essayer. Enfin c'est dommage, je croyais qu'elle, elle avait quelque chose de ça, un peu. Quelque chose de plus que l'humain que je croise dans la rue en packs de douze. Comme je disais, on peut toujours se planter. Après tout, vouloir penser de façon pas trop différente des autres, ne pas prendre de danger, je peux comprendre. Ça fait toujours peur, l'inconnu, même l'inconnu de la pensée. Peut-être que j'en ai peur, mais au moins j'y vais, merde. C'est bien la paresse intellectuelle qui m'énerve, tiens.

Enfin, je vais la recroiser, forcément (je raconte pas encore ma vie, là ; mais je la croise souvent, c'est un fait). Je ne sais pas ce que je ferai, peut-être que j'essaierai de parler encore un peu avec elle. Après tout, je voyais en elle un peu de potentiel informulé, quelque chose de spécial ; je ne me suis pas planté, si ? Et si elle m'ignore, qu'elle aille se faire. Je ne ferai pas d'effort pour retourner vers elle. Pas maintenant, disons. Déception oblige.

lundi 3 janvier 2011

Hommage aux travailleurs souterrains

Laid. Tu ne trouves pas ?

Incroyable, quand on y pense, le nombre de choses qui jurent avec leur fond. Une femme moche dans une belle robe. Un sourire sous la grisaille. Un élément non nul et non inversible au beau milieu d'un corps (algébrique, s'entend). Une molaire dans un rôti de porc. Un seau dans un bar à cigares. Un veau dans une chaussure. De quoi se prendre pour une oh! abeille. D'ailleurs dénommée Tenka pour des raisons évidentes.

Lèvres gercées et doigts gourds

Emergence.
Et allez, 6h du matin. On n'a pas idée. Il y a des heures dans la journée qu'il faudrait supprimer, quitte à reboucher le trou en les mettant là où ça sert. Vers minuit, par exemple, il en manque bien deux, alors que de 4 à 6 le matin... franchement. Faudra que je leur écrive. En attendant, j'ai super mal dormi... et je me paye une tension cervicale qui annonce un joli mal de tête.
Moi moi moi moi moi moi moi.
Bon, go mandarines, c'est bon les mandarines le matin, et puis c'est frais et facile à éplucher, même dans le noir. Avec un carré de chocolat de cuisine, ah oui mais merdre, ça va mietter et à tous les coups je marcherai dedans d'ici le lever du jour. Non, je vais plutôt attendre que la batterie de mon portable se décharge, ça ne fera pas passer mes aigreurs d'estomac mais au moins je ne saloperai pas le tapis, ça me crève rien que de m'imaginer en train de frotter ce truc.
Impression de ne pas avoir dormi, tiens. Ou plutôt de m'être assoupi quelques minutes puis réveillé la gueule enfarinée et la gorge serrée, comme dans un train du très-matin, je suis très mauvais à ça, je lutte pendant une heure contre mes paupières puis je cède, et un virage, un courant d'air ou le premier de mes ronflements me réveille en sursaut, me condamnant à une demi-journée de profond mal-être laryngique.
Et toi ? Déjà réveillée ? Tu n'as pas réussi à trouver le sommeil ? Ne me dis pas que tu m'as regardé dormir... ah, ça me rassure. Tu n'auras de moi que ce que je voudrais bien te donner et n'échapperas à rien de ce que je voudrais te montrer ; c'est incroyable comme mon pouvoir est grand et immérité. Ca tombe bien, tu ne m'as pas l'air trop vindicative... tu pourrais légitimement te révolter. Oui, parce qu'à la différence d'un potentiel lecteur, tu es totalement à ma merci. Lui non plus il ne peut pas regarder par la serrure mais il peut choisir, au moins, il a sa vie, une vie, tu sais. Toi... tu es ma destinataire, tu l'as toujours été, tu ne seras que ça jusqu'à ce que je me lasse de t'écrire. Tu as déjà changé de nom pas mal de fois, de sexe aussi, et crois-moi, ce n'est pas fini. Tu vas déguster, mais que veux-tu... c'est comme ça. Au moins je ne t'annonce pas les élucubrations les plus folles, les facéties les plus rocambolesques du Net, ça t'évitera d'être déçue.
Ah ah. Allez, il est temps de mettre la machine en route.

Nuit et brouillard

La nuit c'est un peu le royaume du faiseur d'ombres, c'pas ? Je veux dire, c'est la nuit qu'on accède à l'aspect véritable de la chose. Ceci dit je ne dors pas, le rêve m'est inaccessible, mais on se sent un peu comme libéré de tout, la nuit. Et puis la joie d'apercevoir l'aube, lumière de la mort, comme ils disent, sorte de jouissance un peu macabre, tant pis. Le macabre ne me dérange pas non plus.

Il fallait que je vienne la nuit, impensabilité du contraire, absurdité d'une apparition en plein jour. Faiseur d'ombres, je n'sais pas, mais faiseur de lumière, non pas. J'y vis mieux, d'ailleurs, que dans la lumière, horrible, sans mystère. J'aime le mystère presque autant que le macabre, c'est dire si. Crafter du texte, j'ayme bien ça aussi, en même temps acte de flemme et de création. Créer, faire quelque chose de soi, autre que de gratter, j'entends. Crafter et gratter, voilà, ce qui me rend un peu plus tranquille. Notez, c'est moche, textualiser comme ça sans autre forme de ; mais jouissif, quelque part, j'aime, la saleté du principe du blogguent, inutilisme en même temps qu'invasion par soi. Surtout la nuit, je n'sais pas si je l'ai déjà dit.

Enfin je me débrouille plutôt pas mal pour être moi, je trouve. Pas facile, faut dire, aujourd'hui surtout, désindividualisation, tout ça. Je ne m'étends pas, je n'en sais pas plus. Jamais supporté le parleur sur tout, forcément diseur de conneries, je me supporte peu, donc. Mais j'arrive à être un peu cohérent, c'est un peu l'essentiel à mon sens.

Pounage de dindon sur pounage de dindon non plus, pas mon truc, jamais été fan du violent autosatisfait de sa propre. Sauf quand c'est nécessaire, une sorte d'intuition disant de rentrer dedans, que c'est important. Quand il faut, j'y vais, mais sinon, bof.

C'était la nuit, je vais presque dormir maintenant, reposer un peu corps et âme, histoire de. Et demain, repartir, sentiment de capacité, toujours, heureusement. Dindonnage.

dimanche 2 janvier 2011

S'en tamponner le coquillard

Aujourd'hui, je me sens l'âme d'une excavatrice géante.
Tout va bien, mon environnement direct est exceptionnellement calme et mon corps pue la sérénité. Aucun grain de sable sensoriel dont je ne puisse faire abstraction. Sentiment simple et délectable d'être une puissance au repos.
Demain matin, je m'agiterai, mais tout cela n'est qu'un jeu déjà gagné, une quête onaniste du bonus de mieux-vivre-mieux-égoter. Oh que c'est bien, que c'est bien. Sens-toi comme ça, Bernie, c'est délicieux, une sorte de flemme savante qui ne disserte pas, une flemme lucide qui pour une fois n'analyse pas les tréfonds du nombril de son nombril pour savoir si elle est bien consciente d'elle-même.
Cherche belle formule pour clore.