J'aime bien les histoires d'animaux.
Tiens, regarde, ça se passe maintenant. Je suis assis je sais pas où, enfin je suis assis quoi. L'autre saloperie vient m'inonder de son affection glaireuse, me baigne de son regard torve et pose sa tête sur mon genou, style "j'ai rien de mieux à phoutre que te fixer, alors je m'installe". J'ai une forte envie de lui sandwicher la gueule, mais faudrait pas que je le rate et même s'il n'a pas les réflexes d'une mouche, il a de bonnes chances de s'en remettre et moi de prendre cher.
Alors j'accepte. Ce connard me fout les boules, il y a un truc bizarre qui sort du foie de veau pileux qui lui sert de gueule et j'ose pas lui demander ce que c'est. Je suis pas du genre à me faire des films, mais il y en a un qui me revient en tête, l'adaptation troublante de Watchmen dans laquelle on voit une sous-merde du même acabit en train de mâchonner le tibia d'une fillette. Oh, tu peux rigoler. Bref, là il ne me semble pas si dangereux que ça, il a surtout l'air mou, en fait.
Des kilos de connerie stagnante. Yeux de con. Paupières de con. Orgelet de con. Truffe de con, fendue en deux en plus, je ne veux pas savoir pourquoi. Quelle déchéance. Comment aimer un truc pareil ? "T'es con." Ca fait du bien. "T'es con, con, de plus en plus con." Son orgelet suppure, c'est un poème. Il doit avoir du mal à ouvrir l'oeil au réveil. A bien regarder, il a pas mal de plaies et toutes ont l'air dégueulasse. Et toujours ce truc qui sort de sa gueule. Ca ressemble quand même vachement à un os, cette merde.
Bon, de toute façon je ne peux plus bouger, cet enfant de putain a décidé de s'endormir. Sa tête s'affaisse comme une méduse sur ma cuisse, et c'est parti pour une heure de sécrétions. Il innove, note, je savais pas qu'un être vivant pouvait produire des trucs comme ça. J'aurais dû me barrer avant qu'il arrive au contact, je suis foutu maintenant, j'ai plus qu'à attendre qu'il se réveille, si je le force il va m'emmener un truc. De toute façon j'ai rien à faire de la journée. Mais quand même, il pue, ce sac à merde. Avec le soleil qui tape, pas étonnant que les mouches rappliquent. J'ose pas les chasser, si je lui colle une baffe je suis dans la merde, et puis j'aime pas Ravel. L'ordure, il fuit de plus en plus.
Oh ben. Il est tombé. D'un coup, comme une merde. Il a tressailli, sa tête a glissé de ma cuisse et puis il s'est éclaté la tronche sur le sol. Du coup il a ouvert son grenier à chiasse, le truc osseux c'était sa mâchoire. Mochement défoncée, dis. Tiens, il a un trou dans le flanc, ou deux, ça ne fait pas grande différence, c'est pas exactement aussi propre que du Rimbaud. Les mouches s'agglutinent, très profond déjà, en fait elles ont pondu à l'intérieur depuis belle lurette. Là c'est assez clair, le chien est mort.
Qu'il est moche.
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