mercredi 5 janvier 2011

Vivre comme un poulpe

Tu vois, la vie c'est pas seulement ça.

Vivre c'est toute une affaire. Oh tout le monde est au courant, de ça, tout le monde le dit : survivre ≠ vivre. Qui le comprend, qui le ressent ? Ta mère peut-être ? Je n'insulte pas, c'est un réflexe, inutile de s'offusquer. Les gens s'offusquent parfois, c'est stupide. Et puis c'est la nuit, encore plus stupide, s'offusquer n'a pas de sens la nuit, car c'est une réaction qui n'a sa place qu'en société ; et la nuit, plus de société. Voilà pourquoi j'aime bien : le mystère, et plus de société. La disparition des imbéciles, avalés par l'obscurité. Chouette programme.

Je vivote, voilà, je gratte avec des doigts, gratte avec une plume, et vivote, et sans vouloir être grossier, c'est la merde. J'aimerais un autre endroit, un lieu inconnu, à découvrir, le plaisir de la découverte, ça doit être vraiment génial. Christophe et ses potes débarquant juste là. Sauf que bon, plus rien à découvrir, alors je mange des chips en regardant des séries ; normal, plus rien à découvrir. Gros sentiment d'aquabonisme, sentiment de puissance inutile, un dragon dans un monde ignifugé, ridicule. Je voudrais une cause à défendre, là tout de suite, quelque chose dans lequel engager mon esprit, je pourrais enfin faire vraiment quelque chose de ma vie alors. Mais le vide, c'est d'une laideur. Et tout est vide, là, la société est vide, il faut le dire. Je me sens moi aussi un peu vide, comme un type fumant une cigarette à la fenêtre, dans la nuit de la ville. C'est calme, tu entends juste les voitures en bas, quelques sirènes, peut-être un chien : les ronflements d'une cité endormie. Mais tout ça c'est vide, peut-être calme et apaisé mais vide. Demande-toi s'il est arrivé au Che de fumer une cigarette, négligemment accoudé au balcon, en écoutant la ville en-dessous. Non, hein ? Voilà ce que j'appelle survie. Ceux qui disent que vivre, c'est justement là que ça se passe, dans ces moments de paix, je ne les comprends pas. Vivre, c'est quand même autre chose qu'être en paix, non ? C'est l'activité, faire des choses, lutter pour quelque chose. Voilà, je voudrais une cause à défendre, je pourrais écrire, sortir crier dans les rues, retrouver des pavés, des barricades, toutes ces choses disparues.

Je suis un enfant des siècles passés.

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