lundi 27 décembre 2010

Autophone BM

Papa
Parlons de moi. Aujourd'hui, trois mots : j'ai peur de la mort et ça m'anéantit. Peur n'est pas le mot, d'ailleurs ; angoisse serait plus juste. Oh, c'est commun, mais c'est pas pour ça que ce n'est pas grave. J'aimerais bien trouver quelqu'un (autre que Maurice Gravelle) pour m'aider à porter l'écrasante pensée de la disparition imminente.

dimanche 26 décembre 2010

Pricadie

Toust à l'heure dans le métral, l'on pouvoit entendre une vieille nauséabonde et visiblement ratiboisée se plaindre avec véhémence de l'immigration amiénoise. "La Pricadie, disait-elle, va zenvahir not' beau sol français et voler not' chômage." Heureusement, Hubert - un ami photogénique - a apporté une fin heureuse à l'événement en administrant à la clocharde une gifle sonore qui l'a envoyée faire le derviche pendant quelques instants dans un coin du compartiment, et puis elle s'est cognée. On a tous bien ri en la mettant à mort.

Jacques Cube aux Viets

Cher Johnny qui me lira,

Bouffe ma vie en vrac.

Pour le moment, voilà ce que j’ai à dire : Stigma Crasse Bunny, voilà comment j’appellerai mon groupe plus tard. Je joue d’un instrument à cordes rare et méconnu. Mal, mais j’aime. Ca me fait du bien, tu comprends ? Je produis, un peu… les occasions qu’on a de produire véritablement sont tellement rares1. Alors oui, je produis formaté et je produis moche, mais quand même, qu’on ne me fasse pas croire que ça ne sort pas de mes doigts. Et puis je ne fais de mal à personne, je suis même l’un des seuls hétérotrophes gratteux à ne pas tartiner mon mi-mi-mi-mi-fa-fa-dièse de Nirvana à la face de mon entourage ; je suppose qu’il m’en est reconnaissant.

« Pourquoi ouvrir un blog ? » Johnny, vraiment. Mais parce que c’est Noël, voilà une réponse : j’ai besoin. J’ai du mal à mettre de l’ordre dans mes idées, ou plutôt j’ai la flemme. Une flemme bien pesante qui m’écrase contre le sol dans un état intermédiaire entre le pur bien-être rien-foutal et un sentiment de manque d’absolu assez catastrophique. Parce que j’aime l’absolu, je l'aime presque autant que le beurre2. Or il n’y a pas moyen de faire l’expérience d’une seconde de plénitude (vraiment high level, j'entends, pas de la plénitude à la mords-moi-le-noeud genre pub pour Activia) sans qu’une interférence quelconque vienne casser les couilles. Je ne demande pas le bonheur, pourtant, rien qu’un peu de pureté dans ce que je ressens. N’importe lequel de mes sens serait ravi de prendre cher, en plus. Un steak au soleil sans avoir envie de pisser ou de me gratter, par exemple. Avec de la moutarde, de la bonne. Une cuisson parfaite, un horizon dégagé, une température idéale (avec le soleil qui tape fort, j'aime bien). Enfin bon, tu as compris l'idée, en tout cas l’amorphie physique et intellectuelle n’est pas le meilleur état pour toucher du doigt l’ultime, le Joe. Je veux fister la pureté des choses… d’où hop ! réveil et écrivage. Spratique, un blog, l’on peut déblatérer des putreries par centaines à un lectorat fictif – oh, j’aime, d’ailleurs. L’acte de publication se décompose en mass morceaux, parmi lesquels le clic sur le bouton, le partage de l’adresse, l’adaptation au récepteur – réceptacle, plutôt, j’aime bien l’idée. Pas le concept, l’image, parce qu’on peut mettre tout ce qu’on veut dans un réceptacle, c’est un peu un oh! lecteur. Tu es un trou. Oh oui, un gros trou. Bon, je disais que le concept me plaisait ; lorsque l'on bloggue, l’on peut choisir de s’enterrer dans un coin du ouaibe et de ne plus en bouger, genre "goût pour le paradoxe". Une façon d’exporter son autisme sur un support de partage, c’est beau, c’est chic. Cependant auto-pourquoi : écriture non sur un journal mais sur un communautorchon interneutique, et pas seulement parce que le papier coûte cher, I mean. Je n'sais quelle en est la raison profonde.

Bon, maintenant que j’ai parlé de ma flemme, il ne me reste plus grand-chose à présenter. Je suis creux parce que j’ai la flemme de me remplir, note que c’est sans doute mieux que d’employer toute son énergie à aller mal – je connais des gens. Ah oui, j’ai été assez branché « philosophie de vie » pendant un moment, du coup j’ai fini par regarder du côté de Big Moustache Bob, Stanley Nietzsche. C’était sympa, j’ai digéré bizarrement pas mal de trucs et ressorti un « aime t’en prendre plein le fion parce que c’est bien, ça montre que t’es vivant ». Du coup j'en viens à aimer la peine ou la douleur (pas physique, voyons) que je peux ressentir ; non, il y a une seule chose que je ne supporte vraiment pas, c’est la tiédeur, la fadeur de mes expériences sensorielles et intellectuelles. Et devine quoi, Mitch ? On est rarement désespéré, ravagé ou au bord du gouffre. Non, la norme de la mal-allance, c’est le guysme. De Guy, l’affectueux félin dont je reparlerai parce que je l'aime. Difficile d’expliquer le guysme en quelques lignes ; j’y consacrerai un postillon.

Aventure d’autosuccion et perte de repères : sa mère désormais forme un tore.
Alley, à bientâh.
a
1J’aime bien débiter des banalités rigides et faussement orientées comme celle-ci. Ca me donne l’impression de tromper mon monde : regarde, collectif, je suis quelqu’un qui fait des allusions. Oh la grosse bite.
2Merci à Willy B. pour son indéfectible soutien. Oh, tiens, il pue le chancelier, dit comme ça. Brattapuël, donc. Un grand homme, j’en reparlerions.