Je ne plaisante pas.
Je t'invite, toi et toi, là, à un auto-barbouillage pétri de mauvaises intentions envers soi même. Tu sais bien de quoi je parle, inutile de préciser l'enfant. Si tu ne sais pas, retourne à l'usine, tu n'as rien à faire ici.
Je te parle de la vie, avec un grand T, d'une étape incontournable. Viens avec moi, tu comprendras tout. Se rouler une fois dedans, et voir son environnement se modifier dans l'approche sensible. Je te parle de beauté, aussi. Ces petites importances, ces petites perceptions qui ne te parviendront plus qu'étouffées par les portes sur tes oreilles. Taire les secrets des cercles du sensible, tu l'apprendras aussi, c'est essentiel. Sinon tu risquerais de finir comme Lloyd “Face de bidet” Johnson.
Je.
D'autre part il faut que tu saches que j'ai abandonné depuis que je suis plus vieux que toi l'espoir de contempler un jour l'absolu en face en se brûlant les yeux.
Titre : L'Enfant et le tas de cendres.
Se pavaner devant la dépouille d'une infante.
Je crois que je devrais écrire un livre d'aphorismes. Après tout, regarde un peu mieux : je suis jeune, je suis doué, je suis cultivé, je suis intelligent, et j'ai plein d'idées pour améliorer la vie. Ne me parle pas des auteurs du passé. Ils ont eu leur mot à dire, c'est maintenant notre tour. Il faut bien que l'époque triomphe du passé. Et moi, je vais l'aider. Sens ma puissance, tas de putridité à qui l'esprit échappe en lambeaux de graisse.
Toi, le reste, les autres, tous, moi, sont perdus, sache-le. Perdus par ces mêmes choses qu'ils croient leurs seules bouées, perdues par la fuite de leur esprit, la déliquescence putride et constante de leur être. L'humain : phénix de boue condamné à se traîner avec peine au milieu des marécages gluants de son existence. Reviens avec moi, on découvrira le feu, on découvrira l'électricité, on aura l'impression de vivre à nouveau. Comme une étincelle dans la fange. Une myriade de petits points lumineux qui empêchent de sombrer à jamais dans les ténèbres froides. Représente-toi cet oiseau mazouté par sa propre poisse, et parcouru de fulgurances électriques. Aime-le, c'est toi.
Je voudrais parler longtemps, tu sais, on n'a jamais fini de dire ces choses. Parce qu'on ne parvient jamais tout à fait à les dire. Intarissable soif de beauté absolue. La vérité dépassée, supplantée, laissée derrière, ne resterait que cela. Comme vouloir extraire une gerbe de feu d'une flammèche luisant dans le noir, le ridicule espoir, le vain espoir. Je n'en fais pas partie, moi j'ai abandonné, j'ai déjà laissé derrière moi les taches luminescentes et j'ai plongé dans l'obscurité. Je n'y trouverai rien, ce n'est pas là qu'est le Nouveau. Mais je cesserai tout cela, d'être, de savoir, de croire, d'espérer, de vivre. Cesser enfin, arrêter le cours des étoiles et ne plus connaître que l'abîme de l'oubli. Quel formidable destin que le mien.
Je contemple, tétanisé, la force sublime qui parcourt ta prose, et sens mon coeur vaciller devant tant de justesse, de finesse et de ferveur mêlées. Au plus profond de la fange, là où il ne reste rien de nos illusions, un Poisson adresse à l'univers son tonitruant cri de défi ; Michel, tu iras loin.
RépondreSupprimerIl te faut.
Ce que tu dis suinte la vérité.
RépondreSupprimerViens.